Au cœur de nos croyances

16 Fév 2022

Depuis quelques jours, lors de ma balade quotidienne, je réalisais que j’avais moins de mal à avoir froid : hier, je suis allée marcher après le déjeuner, j’étais déjà en tenue de yoga pour les cours de l’après-midi, je me suis demandé si je ne devrais pas me changer pour ne pas avoir froid. Et puis je suis partie comme ça, par flemme, et surtout parce qu’on n’attrape pas froid. C’est un mythe. Si si. Le froid ne nous donne pas la crève.

Depuis que je sais ça (il y a quelques semaines), j’ai beaucoup moins de mal à avoir froid. Entendons bien : j’ai froid, mais je n’ai plus peur d’avoir froid. Je n’ai pas de mal à rester dans l’inconfort du froid, parce que je sais qu’il n’aura pas de conséquence (je ne parle pas d’aller se rouler toute nue dans la neige pendant une heure, hein. Parce que l’hypothermie et les engelures, ça c’est bien réel, de même que les problématiques spécifiques en fonction des problèmes de santé pré-existant ! Je parle du froid raisonnable contre lequel je me parais auparavant de 5 épaisseurs, et pour lequel je suis actuellement à 3 épaisseurs, parce que j’accepte d’avoir un peu froid au début de ma sortie. Je suis un oignon habituellement, j’enlève une couche après l’autre, pour les remettre au moindre signe de rafraichissement).

Nos croyances influent nos comportements. Je croyais que je pouvais tomber malade parce que j’avais froid. Mais non. Avoir un peu froid quand on sort de la maison ne donne pas la grippe. C’est inconfortable, oui. Mais « ça fouette les sangs » aussi. Je ne sais pas le dire autrement, mais ça a un côté revigorant.

Nos croyances influent aussi comment on se définit : en tant que personne, quand on se dit frileuse parce qu’on croit que le froid va nous filer la crève et qu’on va trainer une toux pendant 6 semaines ; en tant que pays quand une petite île de 2040 km2 réalise soudainement qu’elle est en fait aussi grande que l’Europe occidentale par ses eaux. Fascinant (j’ai découvert cette info ce matin, et depuis ça tourne en boucle dans ma tête, c’est formidable).

Nos croyances influent ce dont on est capable. Bien sûr, on se retrouve parfois à réaliser ce qu’on n’aurait jamais cru possible. Le jour du bac mention très bien, clairement, c’était un peu ça « ah ouais quand même » (mais mon Papa avait travaillé pendant les 3 ans précédents à me planter « bac mention TB » en tête, alors même que j’en étais bien loin. Donc peut-être que c’était une croyance implantée dont je n’étais même pas consciente, haha !)

Mais la plupart du temps, si on ne le croit pas possible, on ne va pas le faire. Pas parce qu’on ne peut pas, mais parce qu’on ne met pas en place ce qu’on pourrait mettre en place pour que ça se passe. Mon envie de devenir prof de yoga remonte à bien avant ma décision de faire la formation. Je ne m’en croyais pas capable, physiquement et financièrement. Mon envie d’un jour devenir naturopathe remonte à la même époque et ce n’est que maintenant que j’envisage un chemin pour y parvenir.

Nos croyances influent aussi ce dont les autres sont capables (et donc on dirait bien que mon Papa a bien joué un rôle pour mon bac !). Dans le cadre d’une étude, une classe a été séparée en deux, de façon complètement aléatoire, entre un groupe de « bons élèves » et un groupe de « mauvais élèves ». Les profs pensaient donc avoir en face d’eux un groupe d’élèves doués et un groupe d’élèves avec moins de capacités. Ceux qui étaient dans le deuxième groupe n’ont pas mieux ou moins bien réussi, par contre ceux qui étaient jugés « bons » ont nettement progressé. Pas par magie, simplement parce que ces profs ont agi en fonction de leur croyance, probablement en poussant plus des enfants qu’ils croyaient doués, ou en mettant plus d’efforts… Si la croyance d’un prof peut changer nos résultats, imaginez la croyance d’un parent, d’un conjoint, d’un frère… 

Nos croyances influent parfois notre inaction : « ce n’est pas à moi de faire ça, c’est à eux/elles ». On le voit beaucoup dans le monde aujourd’hui, notamment autour des questions environnementales, les problèmes sont tellement énormes « ils doivent changer les choses » que notre propre capacité d’agir nous parait négligeable, pas à la hauteur ou une goutte dans l’océan. 

➡️ On est pétries de croyances, certaines qu’on a choisies activement, et d’autres qu’on a héritées de notre éducation, de notre vie jusque là, de nos expériences. On est en parfait alignement avec certaines, complètement déconnectées avec d’autres, et pas du tout conscientes de la plupart d’entre elles.

Ce que j’aime beaucoup faire en ce moment, c’est regarder les croyances qui donnent lieu à certains de mes comportements. Parfois, simplement en prendre conscience change tout. Parfois elle est bien ancrée, et on n’a pas envie de la changer. Par exemple, un comportement bien ancré chez moi, c’est de brandir des solutions. Quelqu’un me parle d’un de ses problèmes, j’ai beaucoup de mal à refreiner l’envie irrépressible de proposer 5 solutions dans la foulée.

La croyance à la racine de ça, pour moi, c’est que si les personnes m’en parlent, c’est qu’ils veulent une solution. Ca a d’ailleurs été le cas pendant des années, c’était un peu mon travail avant : dès que quelqu’un dans l’association avait un souci qui paraissait un peu compliqué, on venait me voir. Mon esprit était tourné solutions 24/7. J’avais beaucoup de mal à écouter mon mari partager quelque chose sans automatiquement lui proposer des solutions. J’ai beaucoup avancé dessus (arrêter de proposer des solutions à tout, tout le temps), mais ça reste un chantier.

Je travaille à changer ma croyance actuelle « si les personnes m’en parlent, c’est qu’elles veulent une solution » par « elles veulent être écoutées ». Et j’essaie de poser la question « tu veux qu’on réfléchisse ensemble à une solution ? » avant de lancer la machine à solutions (à ce stade, il y en a déjà au moins 14 dans ma tête). Malheureusement, plus les personnes sont proches, et moins j’ai de filtre. Et en plus, je suis pas contente qu’on ne mette pas en œuvre mes solutions (toujours brillantes bien sûr).

Tout ça pour dire : nous sommes qui nous sommes et nous agissons comme nous agissons de par nos croyances et nos perceptions du monde issues de mille et unes sources. Parfois, certains de nos comportements ne nous vont plus : remonter le fil jusqu’à la croyance qui se cache derrière, ça aide à déconstruire, peu à peu (ou parfois instantanément !)

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