L’une de vous m’a récemment parlé de l’immense difficulté qu’elle ressent à se mettre au yoga : « je sais que ce serait bon pour moi, j’en ai envie, mais je ne le fais pas, je ne sais pas pourquoi. » On a un peu déconstruit tout ça ensemble, et je te partage ici les points saillants de notre conversation.
Ça peut être vraiment irritant, voire culpabilisant, de savoir qu’on a ENVIE de commencer une activité, que ça nous ferait DU BIEN, qu’on en tirerait des bénéfices au quotidien, qu’on serait en meilleure santé, MAIS on ne s’y met pas. Et on ne sait même pas pourquoi.
Halte à la culpabilisation ! Je te partage ici de ce que j’ai pu tirer de ma propre expérience, à partir de deux exemples vécus : je fais du yoga tous les jours depuis 5 ans, et je veux me mettre à courir, mais je ne m’y mets pas. Pourquoi d’un côté ça a fonctionné, et de l’autre, je peine à m’y mettre ?
Ceci est basé seulement sur mon expérience. J’ai peu lu sur le sujet, et je suis sûre qu’il y a mille et un autres aspects à prendre en considération. C’est un sujet que je trouve fascinant, et je pense que je viendrai mettre à jour cet article régulièrement au fil de mes nouvelles expériences, et peut-être de mes lectures (quand j’aurai réussi à courir régulièrement par exemple !)
Définir notre motivation
Est-ce qu’on souhaite faire cette activité parce qu’on pense qu’ « il faut » ? En mode « Si tout le monde le fait, c’est bien que ça aide ».
Quand j’ai commencé à faire du yoga tous les jours, c’était pour gérer mon stress, et être une meilleure personne au quotidien (pas en mode Mère Teresa, mais plutôt en mode « je vais limiter le nombre de petites phrases assassines que j’envoie dans le monde tous les jours »). Et très rapidement, j’ai vu que ça m’aidait, au moins à l’intérieur à être plus zen (je crois pas qu’à l’extérieur c’était très visible).
Quand j’ai commencé à courir, c’était pour préparer mes jambes à porter 12 kilos sur mon dos pour nos prochaines aventures, puisque je m’étais blessée lors de la précédente. Et puis les aventures se sont éloignées, et ma motivation aussi… Alors que le concept de courir et me dépasser me parle tellement. Il y a quelques semaines, on écoutait Etienne Klein nous parler des montagnes et de l’ultratrail : mon mari l’avait déjà écouté, et m’a dit « tu vas aimer ». On l’a écouté ensemble et je me suis dit « oh là là, mais un jour je vais faire ça ». Beaucoup de choses qu’il a dites ont résonné très fort en moi, autour de la liberté, du rapport à la nature et à l’immensité, du dépassement de soi et de la douleur physique (complètement l’inverse de ce que je te dis de faire en yoga !). Et je pense que ma prochaine motivation autour de la course à pied, je la cueillerai plutôt dans ce registre là (et non, je ne vais pas m’inscrire à un ultratrail ou même un trail, l’année prochaine, ce sera plus du domaine de l’exploration…).
>> Notre motivation, souvent, on va la trouver dans des choses qui sont très proches de nos valeurs de cœur.
Détricoter nos croyances
« De toute façon, à chaque fois que je commence quelque chose, je ne vais pas au bout ». « Je ne suis pas capable d’avoir une activité régulière. » « Je ne suis pas sportive. » « Courir, c’est pas pour moi » « Je ne suis pas souple, je ne peux pas faire du yoga. » « Je n’ai pas de temps. » « Faire du sport/du yoga/de la méditation/de l’espagnol 10 minutes par jour, ça sert à rien ». Tu t’es déjà dit une ou plusieurs de ces phrases, ou une variation ?
Tout ça, ce sont des croyances. Oui, même le manque de temps : c’est juste qu’on priorise quelque chose d’autre par rapport à l’activité ou la nouvelle habitude qu’on voulait mettre en place. A part bien sûr les moments de la vie qui transforment le temps en une sorte de denrée incroyablement rare (on me souffle à l’oreillette que l’arrivée d’un enfant dans la famille peut être un de ces temps) ou ces moments où rien d’autre n’est important que la circonstance incroyablement dure qu’on traverse. Bien sûr, ça dépend !
Donc, si on a trouvé la motivation, quelles sont les parties de ces croyances qu’on peut dégommer ? En faisant un peu de place dans l’emploi du temps en remplaçant la case repassage par la case vélo ? En faisant ces 10 minutes de gym par jour et en réalisant qu’on se sent mieux, qu’on a un peu plus de muscles ou de force ? J’ai bien aimé me prouver que j’étais capable d’installer une habitude quotidienne dans ma vie, avec ma pratique de yoga. Oui, c’est aussi de la fierté, de réaliser que j’ai réussi à prendre soin de moi, à introduire une habitude saine dans mon quotidien : me prouver, à moi, que j’étais capable d’avoir prise sur mes habitudes, d’améliorer mon quotidien, tous les jours.
Affiner nos attentes
« Je vais courir deux fois par semaine, et à la fin du mois, je courrai en toute légèreté, sans souffrance » : se mettre des attentes trop élevées (voire irréalistes) a de grandes chances de nous décourager. Choisis des attentes qui soient réalistes et proportionnelles à tes efforts, pour ne pas te décourager trop rapidement. Je pensais que si j’arrivais à courir assez longtemps, ce serait sans souffrance. Ben non. Et pourtant, cette souffrance, c’est aussi ça qui apporte la satisfaction à la fin de la course… D’avoir dépassé cette souffrance, d’être allée au-delà…
Dépasser la peur de vivre une émotion inconfortable
- Si je m’y mets et que je ne m’y tiens pas, je vais être déçue de moi, encore une fois.
- Si je m’y mets et que j’arrête au bout de deux semaines, plus jamais je ne voudrai essayer.
- Si je m’y mets et que je n’y arrive pas, c’est sûr, je jette l’éponge.
- …et ses 14764 variations possibles
C’est sûr, (re)commencer une activité nous demande de l’énergie, du temps, de l’attention… Mais aussi de traverser des émotions pas toujours très agréables. On va se dire qu’on est nul, que ce n’est pas pour nous, et « regarde cette fille comme elle court bien, elle court vite, elle est belle, elle est pas rouge comme une tomate, elle donne pas l’impression d’être au bord d’un arrêt cardiaque ». Oui, c’est là qu’on est en train de comparer le chapitre 46 (cette fille), avec le chapitre 1 (nous, au moment où on commence n’importe quelle activité).
Et une des choses qui m’aide à avancer au quotidien, c’est de réaliser que quand j’ai peur de vivre une émotion inconfortable, en fait, je suis déjà en train d’en vivre une, alors autant passer à l’action… Et peut-être qu’effectivement on vivra des émotions inconfortables… et peut-être pas !
Définir des plan A, plan B, plan C,… plan Z
Si comme moi, tu es la reine des excuses, les plans A, B, C sont une bonne tactique. Pour ma pratique du yoga, j’ai plein de façon de la faire, et il n’y a aucune situation où je peux ne pas la faire. Sauf si je décide véritablement, que là, aujourd’hui, non. Pas en format excuse, mais en format choix conscient éclairé (par exemple, en ce moment, le samedi matin, on va marcher avant le petit-déjeuner. Choix conscient de favoriser la marche à la place du yoga). Ce qui change tout. Par exemple, mon plan A, c’est de faire du yoga tous les matins avant le petit déjeuner, pendant 20/30 minutes. Mon plan B, c’est de réduire cette durée (quand je manque de temps ou que j’ai la flemme). Mon plan C, c’est d’en faire sans tapis, sans tenue spécifique (quand j’ai encore moins de temps ou encore plus la flemme. Ne sous-estimons pas la flemme dans le rôle qu’elle peut jouer à nous faire perdre nos habitudes). Mon plan D, c’est de prendre 3 minutes pour m’étirer ou méditer (quand vraiment je n’ai pas le temps ou si je suis blessée).
Pour mon envie de courir, je n’ai pas de plan B, ni C. J’ai juste une envie diffuse de courir, je me vois bien, courir, légère, les cheveux au vent, me dépasser, mes baskets roses aux pieds… Mais s’il pleut, vente, fait trop chaud, trop froid, pas assez beau, si j’ai la flemme, je n’ai aucun plan B (et en plus, je veux pas salir mes jolies baskets, aïe). Du coup, je pense que ça fait partie des raisons pour lesquelles je ne le fais pas.
Choisir le bon moment et la bonne formule
Oui, il y en a ! Choisir de faire de la méditation de pleine conscience, une heure par jour, alors que tes enfants en bas âge sont à la maison 24/7 pendant le confinement, ce n’est pas forcément la formule gagnante. Peut-être peux-tu déjà commencer par 5 ou 10 minutes tous les jours, enfermée dans les toilettes (j’ai cru comprendre que c’était un endroit de paix quand on est parent et qu’on réussit à s’y enfermer sans le petit dernier de 2 ans à ses basques) et quand la situation évoluera, tu pourras adapter la formule.
2 exemples de la vie réelle :
- Ma pratique de yoga : je n’arrivais plus à aller à des cours de yoga en studio, aux horaires figés et avec du temps de transport. J’ai commencé à faire du yoga tous les jours alors que je vivais un quotidien stressant, avec peu de temps, et peu d’espace mental. J’ai choisi de faire 10 minutes de yoga tous les matins et tous les soirs.
- Mes tentatives avec la course à pied : ma dernière tentative qui a été la plus proche du succès a eu lieu pendant une saison où je pouvais courir sans mourir de chaud (important) et avec un accompagnement qui me convenait (un programme audio de running débutant avec une personne que j’apprécie, qui me disait dans les oreilles exactement les bonnes choses au bon moment, c’est fou). En cinq semaines, j’avais réussi à atteindre mon objectif (45 minutes sans m’arrêter contre 3 minutes au départ). Puis, je suis partie en France pendant 2 mois, c’était l’hiver, et j’ai arrêté parce que courir dans le froid : « non mais ça va pas ? ». Problème de timing, en partie…
Capitaliser sur son expérience et sa connaissance de soi
Tu as déjà essayé X programmes, et tu ne t’y tiens pas ? Tu sais que prendre la voiture pour aller faire de la gym, ça te pèse ? Ou au contraire, tu sais que rejoindre les copines pour aller courir c’est ce qui te motive ? Tu as l’impression de mourir à la 3ème minute de course, mais après avoir fait vérifier ton cœur et tes analyses de sang, c’est sûr, ce n’est pas ça, tu as juste besoin de quelqu’un qui te rassure et te pousse ? TU te connais mieux que tu ne le crois. Si pour toi, c’est le temps de transport jusqu’à l’activité qui te pèse, trouve une activité que tu peux faire chez toi ou autour de chez toi. Si c’est au contraire la solitude et l’absence de rendez-vous, trouve une formule pour pratiquer avec une amie, un professeur, un coach sportif…
Expérimenter et si besoin, changer son fusil d’épaule ou se ficher la paix !
Et oui, on peut croire qu’on veut courir / danser / faire du yoga… Et puis on essaie pendant une période suffisamment soutenue, et non, on n’y trouve pas de plaisir, ça ne nous plait pas : il est peut-être temps d’explorer de nouvelles options, une autre forme de yoga, de la marche au lieu de la course, ou de la natation ou du volley plutôt que la danse…
Reste ouverte à tes ressentis et puis fiche-toi la paix aussi : quand ça veut pas, ça veut pas, et peut-être que ce n’est juste pas le bon moment, tu as peut-être d’autres priorités en ce moment…
>> En bref, la motivation ne fait pas tout
Savoir pourquoi on agit, c’est la base, mais ce qui te permettra de continuer l’aventure, c’est aussi de :
- l’ancrer dans une habitude, quelle qu’en soit le rythme
- trouver la formule gagnante pour toi : avec des copines, en présentiel / à distance, …
- observer les bienfaits sur toi, en lien avec ta motivation d’origine, mais pas seulement : je voulais mieux gérer mon stress quand j’ai commencé le yoga, et j’ai pu voir une amélioration sur ce front, mais j’ai aussi ressenti du plaisir pendant mes pratiques matinales, je me suis connectée à la nature, j’ai observé que certains de mes muscles se tonifiaient. Tous ces résultats secondaires ont encore renforcé ma motivation et mon engagement !
>> Sachant tout ça, je n’ai pas encore réussi à me mettre à courir… pourquoi ? On revient à la motivation, je pense, qui n’est pas assez clairement définie pour moi, ni assez… motivante !
Et toi, tu t’es mise à quoi ? Et quelles ont été tes astuces pour t’y mettre et pour persévérer ?
Chère Emilie, plan B pour ne pas salir tes baskets le Treadmill ou une autre activité qui va te dynamiser pour ensuite t’élancer dans… ta course à pied. Toujours sans salir les baskets (et surtout être bien dedans), je recommande le body movement/la danse therapie…
Pour mettre en oeuvre une nouvelle activité et s’y tenir, rien de tels que les trackers et le fameux bullet journal… Conseil que tu m’avais donné et que j’applique en ce mois de juin… avec 4 ans de retard ! Mieux vaut tard que jamais. Gratitude !
Et pour les pressés ou les paresseux de la créativité, bonne nouvelle, il y a plein de chouettes versions imprimables : https://www.google.com/search?q=Trackers+bullet+journal+imprimables&tbm=isch&ved=2ahUKEwjBquK0h4vxAhUigHMKHb7gD_cQ2-cCegQIABAA&oq=Trackers+bullet+journal+imprimables&gs_lcp=CgNpbWcQAzoECAAQHjoGCAAQBRAeUJPhCFigkglg2pQJaABwAHgAgAH7AYgBohaSAQQyLTEymAEAoAEBqgELZ3dzLXdpei1pbWe4AQPAAQE&sclient=img&ei=5ffAYIGkGqKAzgO-wb-4Dw&bih=630&biw=1280
Merci Marie-Laure ! La dance movement therapy, c’est très chouette, c’est clair !
Bravo pour le bullet journal !
Merci beaucoup Émilie, ton article sonne très juste en moi 🙂 (et ça m’apporte de la motivation !)
Excellent, ravie que tu y trouves de la motivation !! 🙂