Le bonheur, c’est le chemin

10 Mar 2021

« Il n’y a point de chemin vers le bonheur. Le bonheur, c’est le chemin. » Lao Tseu

En 2012, j’ai décidé de me lancer sur la voie de l’exploration du chemin du bonheur. J’avais passé beaucoup de temps à lire des articles en tout genre autour du développement personnel les quelques mois/années précédents, et il était temps de secouer un peu le cocotier (je savais déjà que j’allais me marier religieusement, ce qui était déjà un changement de vie en soi, puisque nous n’avons vécu ensemble au quotidien qu’à partir de ce moment-là, et je ne savais pas encore que j’allais changer de travail aussi, la même semaine, d’ailleurs).

Je ne sais plus trop ce qui m’a mis dans cette quête, mais ce dont je me rappelle, c’est qu’en avril 2012, un couple d’amis m’a offert Opération Bonheur (The Happiness Project), de Gretchen Rubin, et ça a été une source d’inspiration incroyable. Je l’ai lu à deux reprises, à quelques années d’intervalle.

Opération Bonheur, c’est le récit d’une année de vie de Gretchen Rubbin, année pendant laquelle elle a consciemment mis en place une thématique par mois (donc 12 thématiques sur l’année), pour explorer de nouvelles habitudes, pour faire des efforts dans certains aspects de sa vie pour contribuer à son bonheur. Rien que d’expliquer ça, j’ai envie de sortir une grande feuille bristol et de planifier les 12 prochains mois.

En vrai : je ne l’ai pas fait. Je me suis inspirée de son expérience, pour mettre en place de nouvelles choses, mais pas à son niveau d’énergie et d’engagement, pas de façon suivie et documentée comme elle. Ca aurait été chouette, et je le ferai peut-être un jour, mais pour l’instant, je ne prends pas suffisamment de plaisir à être structurée pour le faire de façon aussi organisée ! L’idée n’est de toute façon pas du tout de reproduire ce qu’elle a fait, c’est un partage plus qu’une méthode : elle a mis en place ce système pour explorer différents aspects de sa vie, sans nous dire de faire de même.

Alors que je feuillette le livre pour me replonger là-dedans, je tombe sur cette phrase (traduction approximative de ma part, mille excuses, j’ai le livre en anglais) : « ce que je fais chaque jour compte plus que ce que je fais une fois de temps en temps ». Ah tiens. Gretchen aurait-elle planté cette graine dans ma tête pour que 4 ans plus tard je me mette à faire du yoga tous les jours ? Au-delà, ce que je retiens de cette phrase, c’est d’essayer de se créer une vie qui nous plait, au quotidien : dans mon cas, devenir prof de yoga et vivre à un rythme où je me sens moi-même, plutôt que de prendre un mois de vacances une fois par an pour tout oublier.

Plus sérieusement, ce que j’en retiens, des années plus tard, c’est la nécessité d’être intentionnelle dans mes actions. Quoi que je fasse, je le relie avec ce que ça m’apporte, pourquoi je le fais. Je regarde Top Chef (oui, je regarde Top Chef, je suis au taquet, alors que je ne cuisine pas, et que je suis végétarienne [et qu’il y a beaucoup de viande dans Top Chef]), qu’est-ce que ça m’apporte, pourquoi j’aime le regarder ? Et la réponse « rien » est tout à fait valable. Mais au moins, c’est clair (en vrai, ça m’inspire à faire un tout petit peu plus de cuisine, ça m’inspire de voir ces chefs au taquet, de voir à quel point UNE minute peut tout changer, et j’ai une liste de restaurants à explorer longue comme le bras…). Alors, je ne le fais pas forcément consciemment, mais j’aime prendre un temps régulièrement pour réfléchir à tout ça, et supprimer ce qui est contre-productif.

Cette nécessité d’être intentionnelle, elle s’inscrit aussi quand on veut mettre en place une nouvelle habitude, par exemple « je veux faire du sport. OK, pourquoi ? Pour être belle et musclée. Est-ce que cette motivation est suffisante pour moi ? Non, je me trouve déjà belle toute molle. Mais je sais que faire du sport est important pour ma santé. Ha ha, nous y voilà, c’est peut-être ça, ma motivation. Et peut-être qu’avec la bonne motivation, je vais réussir à m’y tenir ! »

Dans son planning, dans ses 12 mois, elle a porté son attention sur son énergie, son couple, son travail, ses enfants, ses loisirs, ses amis, sur l’argent, la spiritualité, faire du temps pour une passion, la pleine conscience, son attitude…

Et c’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser à la psychologie positive. Et j’ai lu 3 kifs par jour. Oui, je lis que des trucs abordables, j’ai lu assez de trucs compliqués, quand, à 17 ans, il a fallu se farcir La dynamique de l’Occident de Norbert Elias. Je n’ai aucune idée de quoi parle ce bouquin, mais je me rappelle que ça me passait complètement au-dessus. C’était une lecture pour un concours auquel je ne me suis finalement pas présentée, mais que j’ai retrouvée dans mes études par la suite. La bonne blague. J’ai aussi eu toute une matière qui s’appelait Epistémologie des méthodes. 20 heures. Je suis arrivée à l’examen, j’avais aucune idée de ce qu’était l’épistémologie des méthodes. La théorie m’a tuée à ce moment-là. Depuis je suis pragmatico-pragmatique. Et je lis donc des ouvrages très pragmatiques, et je vous transmets des trucs pragmatiques et actionnables.

Et donc, j’ai lu Trois Kifs par jour de Florence Servan-Schreiber. Où elle nous parle, globalement, de gratitude. Mais aussi de plein de données liées au bonheur. Ça me fascine. Elle mentionne dans cet ouvrage que la moitié de notre capacité à ressentir le bonheur dépend de notre héritage, d’un point de vue génétique. C’est beaucoup. Et peu à la fois. 10% dépend des conditions extérieures de nos vies : notre travail, nos activités, nos proches, le temps qu’il fait, etc. Le reste, 40% dépend de l’interprétation que nous faisons des situations que nous traversons. Et bien sûr, sur ces 40%, notre tempérament joue sur notre façon d’interpréter ce que nous vivons. Donc, non, nous ne sommes pas égaux en matière de bonheur.

Mais nous pouvons tous, consciemment, cultiver un peu de bonheur au quotidien. C’est le pouvoir de la gratitude, des 3 kifs par jour que mentionne le titre de l’ouvrage : voir, cultiver et partager les petits moments de bonheur dans une journée (et on y reviendra très bientôt !), il y a la dimension, qui revient souvent, de pessimiste/optimiste. Dans mon ancien boulot, mon patron me disait souvent en rigolant que j’étais pessimiste (j’étais la fille pénible qui dit non, qui serre la vis et qui contrôle). Si j’avais été pessimiste, j’aurais jeté l’éponge au premier obstacle : « on ne va jamais y arriver, c’est impossible ». Mais c’est sûr que mon optimisme est fortement teinté de réalisme, et en même temps, c’est ça qui me permet de le cultiver : j’essaie, je me plante, je réessaie, parce que quand j’ai appris à marcher, même si je suis tombée plein de fois sur le front, j’étais sûre de réussir à marcher. Et que je fais plein de choses que je ne sais pas faire, et qu’apprendre vient en faisant.

Je vous laisse avec une petite phrase extraite de Trois kifs par jour : « Tout ne se déroule pas pour le mieux, mais nous sommes tous capables d’en extraire le meilleur en posant un regard neuf sur une même situation. »

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