Lundi soir, je suis allée courir. Première fois depuis 2 ans et demi. Et j’ai réussi à courir 7 kilomètres sur 45 minutes sans m’arrêter (mon frère, le coureur de la famille a dit « pas dégueu pour une reprise ». J’étais déjà fière de ma performance, mais là j’étais au taquet de la fierté !). C’est assez incroyable pour moi qui ai couru dans ma vie pendant 5 semaines, le temps de me prouver que je pouvais passer de 3 minutes d’affilée à 45 minutes. Et puis j’avais lâché l’affaire, en me trouvant 457 excuses pour lesquelles non, je n’allais pas courir.
A la reprise après une aussi longue pause, je ne m’attendais pas à courir autant, en souffrant aussi peu et sans bataille mentale (il se passe un sacré bazar dans ma tête quand je cours généralement). Alors, je me suis fait la liste de toutes les raisons pour lesquelles j’avais dépassé mes attentes : la température optimale, la période favorable de mon cycle, la forêt magnifique, mon mari qui courait avec moi à mon rythme, ma capacité renforcée après 2 ans d’entreprenariat à dépasser mon inconfort, ma meilleure capacité à me détacher de mes pensées…
Et finalement, non, la seule vraie raison, c’est qu’il y a 2 ans et demi, j’avais fait le travail d’apprendre à courir (oui, j’ai appris la posture, le souffle…), et j’avais expérimenté ça dans mon corps, de courir pendant 45 minutes.
Alors que j’avais vécu ça comme un échec d’avoir abandonné mon projet de courir, j’avais en fait planté des graines. Et il y a plein de choses dans notre vie, d’échecs perçus, qui sont en fait des graines qu’on plante et qui germent plus tard. Des fois on arrive à le voir, des fois on ne le voit pas. Pourtant, Nelson Mandela le disait, « soit je gagne, soit j’apprends ». Parfois l’apprentissage, on ne le voit pas, on ne voit que l’échec : « bah, je suis pas faite pour courir, c’est pas pour moi, blablabla ». Et on ne réalise pas qu’on apprend, que notre corps se rappelle, que quelque chose en nous se souvient, a acquis des compétences.
Rappelez vous de ça la prochaine fois que vous voyez une situation comme un échec. Oui, on a le droit d’être déçues, frustrées, dégoûtées. Mais on peut aussi garder une petite voix à l’intérieur de nous qui dit « tu plantes des graines pour l’avenir, ça ressortira à un moment ou à un autre ». Et peut-être qu’on verra plus tard quelles graines ont permis une réussite, un projet abouti, une fierté personnelle, un challenge réussi. Et peut-être qu’on ne fera pas le lien, et on s’en fiche, c’est pas ça qui est important.
Ce qui est important, c’est que d’avoir cet élément en tête, ça nous permet aussi de continuer à persévérer quand ça devient compliqué. Parfois, on a envie d’avoir des résultats alors même qu’on vient à peine d’entamer le process. Pourtant, c’est le concept même de semer des graines : le planteur d’ananas ne s’attend pas à ce que l’ananassier (oui, j’ai décidé que ça s’appelait ainsi) donne des fruits le lendemain du jour où il l’a planté. Non, il attend patiemment un nombre incroyable de mois avant que l’ananas soit prêt… Sans être sûr qu’il puisse un jour déguster ou vendre son ananas… Mais il aura entre temps amélioré sa technique, appris ce que ses ananassiers préféraient comme température ou comme taux d’humidité, quelles bestioles viennent le grignoter et comment les éloigner… Et la prochaine fois, il plantera à partir de cette connaissance là…
Donc voilà : une graine planté il y a 2 ans et demi a vu le jour avant-hier, alors même que je ne m’y attendais pas, que je pensais repartir de zéro. Nos êtres formidables se rappellent, construisent sur nos expériences. Et c’est beau !
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