J’ai toujours été plutôt persévérante professionnellement : quand j’ai quelque chose à réaliser, quand j’ai besoin que ça se passe, je m’entoure, je (me) forme et je m’assure que ça se passe. Et oui, on va réussir à déménager le bureau à la date prévue, et oui, on va réussir à atteindre nos objectifs, allons réfléchir ensemble comment on peut le faire.
Par contre, côté perso, projets pour moi, beaucoup moins. Je me dis tout le temps que je peux le faire plus tard. Voilà comment en 2018 je me suis retrouvée à apprendre l’espagnol 3 mois seulement avant notre départ en Patagonie. C’était un peu juste. J’y ai passé l’hiver, à me geler les pieds en répétant « Vamos a Bariloche », à raison de plusieurs heures par jour. Ou comment, toujours pour ce même voyage, nous n’avions toujours pas la nationalité française de mon mari un mois avant le départ (nationalité qui nous a grandement facilité les choses pour l’Argentine) alors qu’on aurait pu l’avoir des années avant. Mais mon mari se sentait Français sans la nationalité, et les papiers, ce n’est pas notre tasse de thé, on a laissé courir sans réaliser… Voilà aussi comment je ne suis toujours pas Mauricienne et me suis finalement dépêchée de faire ma demande quand la loi de l’immigration a changé et que je me suis sentie agressée que le gouvernement puisse envisager de me demander de candidater pour un permis de travail après plus d’une décennie sur le territoire. Je ne l’ai toujours pas, mais au moins, je l’ai demandée. Et c’est la même chose pour tout. Je laisse trainer.
Alors avec ma petite entreprise de yoga, je craignais de faire la même chose. Après tout, ce n’est pas mon activité principale (je suis consultante auprès d’associations dans mon autre vie), c’est moi qui fixe les dates limites, c’est moi qui lance les projets, si je ne le fais pas, aucune conséquence autre que pour moi. Contrairement à mon travail dans l’associatif, il n’y a pas de conséquence si je ne bouge pas (non que je sois sur le terrain à sauver des vies, soyons clairs : le plus clair de mon travail avec les associations, c’est de les aider à sécuriser des fonds pour continuer leurs activités et pour lancer de nouveaux projets).
Et finalement, je mets mes deadlines et je les respecte. Souvent en passant à l’action seulement en arrivant au pied du mur, mais franchement, je m’impressionne. La newsletter sort le mercredi, et donc tous les mercredis, je dois avoir un nouvel article et une nouvelle vidéo, une newsletter mise en page… Et c’est fait. Parfois dans la douleur, un peu, quand je suis moins inspirée, quand je suis un peu fatiguée. Mais c’est fait.
Et puis, j’ai réfléchi. Pourquoi j’arrive à respecter ces dates là, et pourquoi pas d’autres ? Pourquoi ce blog il vit alors que j’en ai lancé deux autres qui n’ont connu que trois articles et sont tombés en désuétude ? Et deux très jolies choses sont apparues. Déjà, derrière mes deadlines, il y a vous, mes élèves, mes lecteurs-rices, ça me motive à écrire, produire, monter, bref, FAIRE. Puis, la deuxième, moins évidente, est que je suis devenue entrepreneure. Chef d’entreprise. Même si l’entreprise en question est un micro-bébé prématuré (né quelques mois avant la date prévue pour cause de confinement). Et du coup, respecter mes deadlines et mes engagements envers moi-même, c’est aussi respecter mes engagements envers ma micro-entreprise, lui donner les meilleures chances de vivre et s’épanouir comme une fleur de lotus ! (tadaaaam et oui, fallait bien faire le lien avec le yoga !)
Donc la persévérance, ça se muscle, ça s’entraine, et surtout, ça fonctionne au mieux quand on répond à la question « pourquoi ? ». Pourquoi je fais ça ? A quoi ça sert de faire ça ? Pour moi ? Pour les autres ? Et une fois que c’est clair, et qu’on est bien aligné avec soi, on a déjà fait une belle partie du chemin !
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