Je vous dis souvent, en séance de yoga, d’observer vos sensations dans votre corps, d’observer votre respiration, votre énergie, etc. En fait je ne le dis pas souvent, je le dis à chaque séance. Et faire cela sur le tapis permet de le faire dans la vie aussi.
Une amie proche par le cœur, éloignée par les milliers de kilomètres, m’a dit qu’elle pense avoir fait un burn-out dans les semaines passées. Au moment où je lis son message, mille choses se bousculent en moi : mon cœur se serre (ça se joue plutôt au niveau de l’estomac chez moi, mais la sensation fait vraiment cœur serré), mes pensées s’emballent : ai-je été présente pour elle ces dernières semaines ? Non pas trop, j’ai été en vacances, et avant cela j’étais à fond dans plein de contrats et j’avais très peu de temps. Et ça continue : comment je peux être prof de yoga et ne pas empêcher une personne que j’aime de faire un burn-out ? Et là, heureusement, le « témoin », celui qui observe en moi, ou plutôt celle, c’est une femme, me dit « halte-là, comment ça ? » Je ralentis le flot des pensées, je laisse de la place à mes sensations et à mes émotions. Je prends un peu de distance. Et je réalise que je n’ai pas à me sentir coupable.
Pour arriver à ce résultat, je n’ai rien fait de conscient. Mon esprit a emprunté des chemins sur lesquels je l’invite régulièrement, dans ma pratique de yoga. Des chemins d’observations de mes sensations physiques, de mes émotions, de mon énergie. Ça marche ainsi parfois, et j’adore voir les « progrès » que je fais. Du tapis à la vie.
Mais parfois, ça ne marche pas du tout ainsi. Vendredi dernier, chez l’un de mes clients dans ma vie de consultante associative, je me suis un peu énervée. J’ai senti la colère monter. Est-ce que j’ai respiré ? Non, je me suis laissée emporter par le flot de ma colère. J’y étais bien et confortable. J’ai senti la colère arriver, j’y ai plongé dedans : « Ben oui, il n’avait pas qu’à faire ça comme ça, celui-là, non mais. » Je me suis observée noter que je m’énervais et que je me complaisais dans l’énervement. Je n’ai pas pris le temps de me poser et de prendre du recul.
Et c’est OK. Bien sûr, j’aimerais bien flotter sur un petit nuage de paix et de tranquillité, mais non, après 4 ans et demi de pratique quotidienne, toujours pas. J’aimerais bien pouvoir m’arrêter à chaque fois que je ressens une émotion remonter pour prendre le temps de voir ce qu’il se joue en moi et prendre soin de moi (pour moi et pour les autres qui en prennent parfois pour leur grade, heureusement c’est de plus en plus rare). Je n’y suis pas encore. Je progresse, je trébuche, je tombe, je me relève, et j’ai plaisir à partager cela avec vous, car je pense qu’on a tou-te-s à apprendre les uns des autres.
Quand j’arrive à prendre le temps de consciemment m’arrêter et observer une sensation désagréable, j’aime appliquer la méthode RRSOP issue de la tradition de Yoga Kripalu. Je suis loin de la pratiquer autant que j’en aurais besoin, car je n’y pense pas forcément dans le feu de l’action, mais quand je la pratique, ou quand il m’est arrivé de guider des personnes (merci pour votre confiance ❤), j’ai ressenti sa force et sa puissance. C’est une méthode en 5 étapes que je vous avais déjà présentée en vidéo :
- On commence par respirer profondément et en conscience. On prend quelques profondes respirations en s’assurant de vider les poumons complètement à l’expiration, et de les remplir profondément à l’inspiration. Et des fois, rien que de prendre ce temps là permet d’évacuer un peu de vapeur de la cocotte-minute, de calmer les pensées…
- Puis on va relâcher les muscles : des pieds à la tête, on passe en revue les moindres recoins de notre corps des orteils aux oreilles, et on détend le corps, en conscience.
- Nous allons ensuite sentir ce qu’il se joue en nous, au niveau du corps, surtout, sans venir poser de mots. On observe nos sensations physiques, sans juger, sans chercher à les changer : ont-elles une forme ? une texture ? Sont-elles en mouvement ou sont-elles figées (peut-être un nœud dans l’estomac, un poids dans la gorge…) ? Ont-elles une couleur ?
- On va ensuite observer : comme un observateur extérieur, on va observer ce qu’il se passe en nous.
- Et enfin, on va permettre. Permettre à l’émotion qui existe d’être, permettre à nos sensations et nos émotions d’exister, telles qu’elles sont. A cette étape, on lâche prise, on accepte, on fait confiance.
La prochaine fois que vous faites face à un moment difficile, essayez de penser à cette technique et de l’appliquer. RRSOP. Cinq lettres pour mieux traverser nos émotions. Essayez et dites-moi comment vous le vivez !
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Si vous voulez approfondir votre relation à votre corps, votre énergie, vos émotions, je serai ravie de vous accueillir lors d’un cours de yoga en ligne sur Zoom (première séance gratuite avec le code YOGAPOURMOI).
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