Vous êtes unique : le yoga s’adapte à vous !

21 Avr 2021

Oui, vous. Et puis vous. Et vous, aussi. Oui oui, vous aussi. Oui, c’est LE point commun que nous avons : nous sommes uniques. Il n’y en a pas deux comme nous. Et même si vous avez une jumelle, vous êtes tout autant unique.

Toutes les mêmes, toutes différentes

Etre unique, ça veut dire quoi ? On est différentes les unes des autres. Pas l’une comme l’autre. On se ressemble par notre humanité partagée, on a des traits communs, on a des caractéristiques qui nous font croire qu’on est les mêmes… Et puis non. Puisqu’on est unique. Véritablement.

Et on aime bien le dire et le revendiquer. Se dire unique, original. Qu’on n’est pas comme les autres. Qu’on est différentes. Les autres sont tout aussi originaux et différents. Pas original dans le sens « je me distingue », mais original dans le sens différent. Différents gênes. Différentes neurones. Différente histoire. Différent corps. Différent vécu. Différente éducation.

On le revendique. Et pourtant, sur notre tapis, tout d’un coup, on souhaiterait voir se gommer cette différence. On souhaiterait être toutes les mêmes, toutes souples.

Dans mes cours de yoga, je propose, autant que possible, plusieurs variations d’une même posture. Et parfois, je répète deux ou trois fois la même variation, parce que je pense que certaines de mes élèves seraient plus à l’aise et mieux alignées dans cette version. Certaines restent dans la version qu’elles jugent plus aboutie, insistent, poussent, se contorsionnent…

Je les vois, et je me revois, il y a quelques années, sur mon tapis, en studio de yoga, à vouloir absolument, en torsion, toucher mon genou par terre de l’autre côté, même si l’épaule décollait (malgré les instructions). A bouder les blocs. A regarder une dame de peut-être 75 ans être plus souple que moi et je ne comprenais pas comment je pouvais être toujours aussi raide. J’insistais, je forçais.

Tout ça, c’est assez lié à une certaine philosophie très présente dans nos sociétés de « No pain, no gain » : pas de progrès sans souffrance. Aux antipodes de la pensée du yoga (souvenez-vous, Ahimsa, la non-violence : ça s’applique aussi à nous-même). Et aussi, aux antipodes de la réalité de nos corps : se voûter, se contorsionner pour rentrer dans une posture dans laquelle on souffrira peut, au mieux, nous dégoûter de cette posture, et au pire, nous blesser ou nous dégoûter du yoga, en mode « c’est pas pour moi » (ce que disent beaucoup de personnes qui manquent de souplesse, après s’être senties incompétentes pendant un cours de yoga).

Ce qui m’a tellement aidée à faire le deuil de la souplesse que je voulais tellement, c’est de comprendre qu’il n’est pas seulement question d’élasticité des muscles. Non, il est aussi question de tendons, de ligaments, de fascia, de forme d’os. Et quand j’ai compris que c’est probablement la forme de la tête de mon fémur ou de mon bassin qui m’empêche d’avoir la liberté que je voudrais dans certains mouvements, savez-vous ce que ça m’a apporté ?

Liberté. Sécurité.

Non, ce n’est pas le slogan d’un candidat à l’élection présidentielle. C’est ce que m’a apporté cette connaissance vitale, en début de formation de prof de yoga. Savoir que je n’y pouvais certainement rien m’a libérée du poids « je dois devenir souple » (après 3 ans et demi, à l’époque, de pratique quotidienne, et peu d’évolution dans ma flexibilité, il était temps de m’en libérer !). Je n’étais pas réjouie pour autant, ça voulait aussi dire que je ne serai probablement jamais souple. J’ai bien compris à ce moment-là que ne pas forcer où mon corps ne peut pas aller me garantit la sécurité. Plus on tire, plus on sollicite d’autres articulations qui sur-compensent et dont les tendons peuvent finir par s’étirer… Aoutch ! Ça fait mal et ces douleurs peuvent même s’installer durablement.

Mais j’ai pu devenir moi. La prof de yoga pas souple. Qui assume (presque) à 100% ses postures. J’ai pu assumer qui je suis. Et j’ai pu vivre une forme de yoga qui me convient, sans être frustrée de ne pas « y arriver ». Puisqu’il n’est plus question d’y arriver. En fait, il n’avait jamais été question « d’y arriver », mais je ne le savais pas. Alors oui, je reconnais que parfois, j’aimerais bien pouvoir faire certaines choses qui me sont inaccessibles, je ne suis pas encore totalement sans frustration. Mais j’espère à travers mes cours et mon approche permettre à mes élèves d’être elles-mêmes en moins de temps que ça m’en a pris.

« Mais quand j’étais bébé, j’attrapais mes pieds »

Alors, pourquoi quand on est bébé on peut s’attraper les pieds facile-facile, et d’un coup, à 20 ans, nos pieds nous paraissent le bout du monde ? Quand on nait, l’angle de la tête du fémur est à 150°, ce qui nous permet une grande mobilité. Puis on grandit, l’os continue à se former selon plusieurs facteurs, dont notre génétique, mais aussi notre niveau d’activité, quand on commence à marcher…

** le fémur, c’est l’os le plus long du corps humain, le plus solide aussi, c’est lui qui s’emboite dans le bassin et nous permet cette articulation **

Et quand on arrive à l’âge adulte, voilà à quoi peuvent ressembler nos têtes de fémur (ce sont deux extrêmes) :

Illustration issue de Your Body Your Yoga de Bernie Clark

A 150°, la forme qui nous offre le plus de mobilité, comme quand on est bébé, et à 110°, celle où on en a le moins, pour schématiser. Et pour rendre ça encore plus concret, voilà la posture du triangle, donc la même posture, faite par une personne avec sa tête fémorale à 110°, et une autre personne à 150° :

Illustration issue de Your Body Your Yoga de Bernie Clark

(quand je vois ça, j’estime l’angle de ma tête fémorale à 115° !)

 

A pratique égale, exercices similaires, la personne de gauche ne pourra pas descendre plus bas. Ça ne veut pas dire que tout est perdu pour elle et qu’il vaut mieux tout abandonner : ça veut dire qu’il vaut mieux pratiquer la posture qui lui convient. La tentation pour cette personne est de vouloir faire comme sa camarade de droite : descendre elle aussi sa main au sol et du coup venir voûter son dos, le tordre, perdre l’alignement au niveau des hanches, et ne ressentir au final que peu de bienfaits de la posture, sans parler du risque de se faire mal. Dans ce cas, si on veut ressentir cette sensation de poser la main au sol, on ramène le sol à soi, en approchant une chaise, ou on empile des blocs (ou des livres ou des boîtes), et on dépose la main dessus.

Je vous présente ici le triangle, avec une chaise, dans une version adaptée à mon corps, et le triangle sans accessoire, dans une version pas du tout adaptée à mon corps. Vous pouvez voir peut-être que je suis voûtée, que je crée des tensions dans mon corps dans cette posture, que ça manque de fluidité. Par rapport à la photo avec la chaise où mon corps est équilibré, et peut ressentir les bienfaits de la posture (vous pouvez voir aussi sur mon visage la différence : paix et sérénité à gauche, crispation et constipation de l’autre) :

Cet exemple du fémur est un exemple parmi d’autres. Il me parle énormément parce que je suis directement concernée par un certain manque de souplesse à cet endroit. Et là, je ne parle que des formes de nos os, et pas de tout le reste qui peut intervenir dans notre souplesse. On y reviendra, encore et encore, car ce n’est qu’un petit bout de tout ce qui se joue en nous, et c’est un sujet que je trouve passionnant : très lié à l’acceptation de soi, à notre capacité à prendre soin de notre corps tel qu’il est, et pas tel qu’on voudrait qu’il soit. Une notion capitale pour faire un yoga qui nous ressemble, qui nous fait du bien, qui nous nourrit.

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